Auteur : Amélie Quasthoff
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Le travail des chercheurs de l’université de York en Angleterre intitulé « sound of future » regroupe des enregistrements de la langue anglaise effectués pendant un demi-siècle. En vue d’un multiculturalisme croissant dans la société anglaise et de l’intelligence artificielle, la langue anglaise est en train de subir une évolution intéressante.
L’anglais en 2016: « mother thinks the duke of England has beautiful hair. “
L’anglais en 2066: « muvver tinks te dook of England has bootifu hair. »
Voilà à quoi pourrait ressembler la langue de Shakespeare dans 50 ans, selon les chercheurs de l’université de York. Le « th », que la plupart des étrangers ont du mal à prononcer correctement sera remplacé par un « f », « d » ou « v » ; le « u » prononcé « iu », fera place au « oo » et le « l » et le « t » à la fin d’un mot disparaitront, faisant du mot « text » un simple « tex ». À travers l’histoire, la langue anglaise a toujours été sous l’influence d’autres langues qui ont enrichi son vocabulaire : Que ce soit le latin, le français ou le grecque. Il n’est donc pas surprenant que l’anglais évolue et s’adapte aux données présentes. L’anglais est devenu une « lingua franca » dans le monde entier. 80 % des interactions en anglais ont lieu entre des locuteurs non-natifs. Ce qui explique par exemple la disparition du « th », un son difficile à prononcer pour la plupart des étrangers. Les nouveaux locuteurs de cette langue souhaitent se l’approprier en la modifiant et la simplifiant. Londres – métropole multiculturelle et capitale de l’Angleterre – joue un rôle important dans l’évolution de l’anglais. Elle représente la ville la plus influente du point de vue linguistique. Il n’est donc pas surprenant que le « Multicultural London English » (MLE), se répande au-delà de la capitale et même de l’île. Le MLE est un mélange de Cockney, de dialecte asiatique, indien et jamaïcain, à l’origine nommé « Jafaican » (fake jamaican) et surtout parlé dans l’est londonien.
Dans le monde de la diplomatie, l’anglais est en train de remplacer le français. Les institutions européennes à Bruxelles représentent une sorte de microcosme d’un monde multiculturel qui utilise l’anglais en tant que « lingua franca ». Avec le temps quelques faux amis se sont faufilés au sein de l’anglais parlé par les bureaucrates des institutions européennes, comme par exemple le mot « control » (dérivé du mot français « contrôler » et du mot allemand « kontrollieren »), souvent utilisé pour dire « monitor » ou « verify ». Pour éviter la dissémination de ses petites « fautes » les institutions européennes ont mis en place un code de rédaction institutionnel. Même s’il est possible de réguler l’utilisation d’une langue au sein d’une institution, il n’est guère possible d’en faire autant pour une langue parlée dans le monde entier. L’anglais reste une langue vivante qui continuera à évoluer sous l’influence de la mondialisation.